La philosophie karavaniers
Crédit photo : MJ Talbot, JF Hagenmuller, Bertrand Lenistour
Il n’y avait pas au Québec, à nos débuts, de compagnies offrant exclusivement des voyages dits « d’aventure », c’est-à-dire des circuits basés principalement sur l’activité physique. On semblait oublier qu’il n’y a pas de façon plus naturelle de voyager que la marche, le vélo, le kayak de mer et même parfois l’alpinisme. Pourquoi? Parce que cette lenteur volontaire permet toutes les découvertes.
La Terre est un monde de chemins et voyager est essentiellement en suivre certains un certain temps. Mais lesquels? Toute la question est là. Nous croyons que les meilleurs sont souvent les moins directs comme sont plus belles les rivières à méandres. Il nous paraît judicieux de flâner avant d’arriver quelque part. De prendre son temps pour regarder et apprendre. Si bien qu’on s’étonne depuis, à chaque fois, jusqu’à quel point il est possible de s’éloigner des lieux communs, des routes passantes, des destinations sans relief, à simplement suivre « le rythme des pas »…
Les grandes lignes de notre philosophie
1 – Les itinéraires
Bâtir un circuit nous prend beaucoup de temps. Nous en rêvons d’abord ensemble devant les cartes du bureau.
Le plus dur est toujours de ne pas aller partout tout de suite. Donc, on choisit. Plusieurs de nos guides ont généralement déjà voyagé quelques mois dans cette partie du monde. Mais on y retourne. Le repérage est cette étape essentielle de nos voyages où on teste nos idées. On essaie des choses. On se trompe. On regarde plus loin.
On évite alors les lieux communs, les sites trop visités ou trop changés, les routes sans plaisir. Et on découvre ces chemins moins fréquentés, ces sites plus obscurs, mais vrais, toute cette authenticité donc, grâce à laquelle le voyage peut enfin s’agrandir et mériter de vous être offert. Nous nous occupons nous-mêmes (avec l’aide de nos contacts locaux) de toute la logistique (itinéraire, nourriture, matériel, etc.).
Des critères qui influencent toujours nos choix:
• Le pays qu’on oublie parce que son voisin prend toute la place. Celui où se trouve sans doute encore ce qu’on cherche en vain parmi les foules de l’autre pays.
• Ce qui est moins connu d’un pays, mais en vaut autant la peine. On le sait parce qu’on a fait l’effort de vérifier. Par exemple, le Huayhuash autant que le Machu Picchu (Pérou), l’oasis de Siwa autant que la vallée des Rois (Égypte) ou la jungle de Lore Lindu autant que le pays Toraja (Sulawesi).
• Voyager moins, mais mieux. C’est-à-dire se limiter à une seule véritable région afin de la connaître vraiment et d’éviter l’accumulation désagréable des transports en jeep, en autobus ou en avion. Par exemple, la seule Abyssinie pour l’Éthiopie, la seule Canée pour la Crète ou le seul parc de Torres del Paine pour la Patagonie.
• L’importance du chemin autant que du but. Cette façon si essentielle d’arriver. Par exemple Gokyo et Cho la pour aller vers l’Everest (Népal), Meru pour préparer Kilimandjaro (Tanzanie) ou la Black Valley en chemin vers Killarney (Irlande).
2 – L’activité physique
La marche, le kayak de mer, le vélo ou l’alpinisme sont nécessairement au coeur des circuits. Mais ils sont toujours le moyen, et non le but, d’un voyage.
Comment juger de la difficulté d’un circuit?
Nous avons choisi pour définir nos voyages d’introduire le concept « d’engagement ». Nous considérons qu’un niveau de difficulté basé seulement sur l’effort physique est beaucoup trop limitatif. L’engagement est donc une mesure générale tenant compte des difficultés physiques, de l’altitude, de la température, de l’éloignement, du degré d’autonomie nécessaire, du confort, de la nourriture, de la durée du voyage, de la modernité relative du pays, etc. Par ailleurs, notez que les bagages, sauf un sac de jour, sont toujours portés par des porteurs ou animaux de bat (sauf rares exceptions).
Pour une description complète des 5 niveaux, le site internet est très explicite et des jauges « effort » et « confort » sont affichées à chaque voyage, mais rien de tel qu’une bonne discussion avec quelqu’un du bureau.
3 – La culture
Qu’un voyage soit actif ne veut surtout pas dire qu’il soit moins culturel.
4 – Les groupes
Nos voyages sont toujours conçus pour des petits groupes (8 à 12 personnes maximum, selon la destination et l’itinéraire*). Afin de maximiser notre plaisir. Mais surtout afin de minimiser l’effet de notre passage sur les populations locales et sur l’environnement (voir notre « charte éthique »).
5 – La sécurité
Cet aspect est évidemment primordial. Nous savons pertinemment que la formation du guide est le facteur principal, c’est pourquoi vous aurez toujours avec vous un guide connaissant, par exemple, les risques d’avalanche si vous voyagez en montagne, les courants si vous pagayez, etc. Et encore, il sera formé en secourisme et sera en possession d’une trousse médicale complète. Sur certains circuits, nous avons des sacs hyperbares (pour l’altitude), des téléphones satellites ou autres équipements. Assurer la sécurité des voyageurs est la première tâche d’un guide!
6 – Le juste prix et les départs garantis
Il nous importe de rémunérer équitablement TOUS les gens avec qui nous travaillons (porteurs, cuisiniers, conducteurs… et nos guides bien sûr). Nous ne vendons pas de produits à rabais. Et comme le plus important pour un voyageur, c’est bien de faire un voyage (qui ne soit pas annulé à la dernière minute faute de participants), nous avons imaginé une politique des départs garantis à partir de 3 personnes (dans la plupart des cas). Ce qui implique que les prix de certains voyages sont en fonction du nombre de voyageurs. Il importe aussi de comparer les comparables… et à ce niveau nous savons pertinemment que nos prix sont compétitifs.
7 – L’implication
Création d’une « charte éthique » afin de réduire l’impact parfois négatif des voyages sur les populations locales ou sur l’environnement (autant de la part des compagnies que des voyageurs). Mise sur pied de la fondation « Babu Chirri Sherpa » afin de favoriser l’éducation au Solu-Khumbu.
8 – L’équipe
Nous employons des guides et non des accompagnateurs. Ce qui implique une connaissance approfondie du voyage et des pays visités (culture, histoire, traditions, langue, etc.) et la connaissance technique associée aux activités choisies (premiers soins en région éloignée, alpinisme, kayak, etc.). Le guide Karavaniers est généralement assisté par des guides locaux.